Les objets relous

Métro

Dans la grande famille des relous, il n’y a pas que les clients et les enfants. Les objets aussi savent nous mettre des bâtons dans les roues. Nous sommes pressés, nous sommes dépendants de leur bon fonctionnement. Et ils s’en foutent.

Sauras-tu les retrouver dans ce petit récit ?

Ce matin, je me lève, je vais aux toilettes, plus de papier. Les enfants relous n’ont pas changé le rouleau, qui me nargue, là, tout nu et tout vide embroché sur son porte-PQ comme un imbécile. Je le remplace par un bon gros rouleau tout neuf tout doux. Je file dans ma douche. J’enlève le tapis anti-dérapant à ventouses qui fait des algues. Il ne reste plus assez de shampooing dans le flacon, je le presse et l’écrase mais malgré ses gros prouts sonores, il ne me livre pas assez de produit pour que je puisse me laver les cheveux.

De la baignoire, je le balance à la poubelle, mais je rate mon coup et il tombe à côté. Je m’aperçois alors que j’ai confondu le shampooing et l’après-shampooing qui ont presque exactement le même packaging. Je me lave les cheveux, je ne fais pas d’après-shampooing puisqu’il n’y en a plus, je sors de la douche, je ramasse le flacon d’après-shampooing vide et je le mets à la poubelle, je m’habille et je me coiffe plusieurs fois car je suis tombée sur l’élastique qui fait mal aux cheveux.

Sur le point de partir au bureau, je sens que j’ai mis une culotte trop grande, qui commence déjà à me rentrer dans les fesses alors que je ne suis même pas encore sortie de chez moi. Et ce soutif trop serré qui me compresse la cage thoracique que je me jure de jeter à chaque fois que je retombe dessus. Allez en route, il pleut, mais ce n’est pas grave car j’ai pris mon parapluie. Mais trois baleines ont rendu l’âme et l’eau me dégouline directement dans le cou (ou sur le nez selon le sens choisi). Je continue ma route et chemin faisant je constate que mes chaussures prennent l’eau, imbibant progressivement mes chaussettes, surtout la gauche dont je sens soudain mon gros orteil s’échapper par un trou tout neuf.

Arrivée au bureau, j’ouvre mon courrier et je me coupe le doigt avec une lettre des impôts. Je dois leur faire un chèque, mais mon carnet de chèque est terminé. J’en prends un nouveau que j’ai en stock, je remplis mon chèque, il se déchire ailleurs que sur les pointillés prévus à cet effet. Comme je n’ai plus d’agrafes dans mon agrafeuse pour attacher la lettre de référence à renvoyer avec mon règlement, j’attrape du scotch. Malheureusement je ne trouve pas le début du rouleau, même après avoir fait 10 tours avec mon ongle. Je me lève pour demander de l’aide et je prends une bonne décharge d’électricité en touchant la poignée de la porte.

Ma journée de travail terminée malgré une souris qui s’est déconnectée toutes les 10 minutes, je passe au supermarché avant de rentrer chez moi. J’essaye pendant une éternité d’ouvrir un sac en plastique – qui semble n’avoir qu’une face – pour y mettre une salade, la caisse automatique déconne juste quand c’est mon tour et je dois donc refaire la queue à la caisse normale. Le paiement sans contact ne marche pas. J’arrive à la maison, je sors le linge de la machine à laver. Il y avait un kleenex dans une poche de pantalon. J’épluche le linge, je l’étends. Je décide de changer les draps de notre lit. A l’intérieur de la housse de couette où je livre un combat sans pitié pour enfiler cette fucking housse sur cette fucking couette, je retrouve quelques chaussettes propres disparues la semaine dernière, laissant derrière elles des célibataires que j’ai jetées.

On prépare le diner, la hotte ne marche plus et il n’y a que de l’eau chaude au robinet de l’évier. Le lave-vaisselle n’a rien lavé du tout parce que la pastille est toujours dans son film pas soluble. On cherche partout le bitoniau de la cocotte-minute, la bouteille d’huile est toute grasse, le pot de miel colle, le sac-poubelle est troué (et on a mangé du poisson hier), le couteau ne coupe pas et la poêle adhère. Le tupperware n’a pas de couvercle et le film étirable, ce suppôt de Satan, n’est pas pré-découpé.

ON OUVRE UNE BOUTEILLE DE VIN pour se détendre un peu mais le BOUCHON SE CASSE DANS LA BOUTEILLE. C’EST PAS GRAVE on va se faire un petit pastis à la place MAIS le bac à glaçons EST VIDE. J’ouvre un paquet de chips QUI SE DECHIRE BRUTALEMENT EN DEUX répandant des chips partout. Je passe l’aspirateur MAIS LE SAC EST PLEIN. On laisse tomber, nous sommes maudits. Tant pis, on va commander des sushis, hop j’attrape mon téléphone.

J’ai plus de batterie.

top 10 objets relous

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14 réflexions sur “Les objets relous

  1. Ah, tiens, c’est exactement comme chez moi !
    Bisous, Zoë, et courage, demain est un autre jour !!!!!

  2. Oui c´est exactement comme ça… question subsidiaire: les objets sont-ils de plus en plus relous à mesure que l´on vieillit? et une certitude: ils sont mille fois plus relous quand on a un enfant handicapé à la maison (« je ne peux pas attraper la télécommande car j´ai mon enfant de 20kg dans les bras », « zut le paquet de lingettes est hors de ma portée et mon fils tout nu risque de tomber du lit si j´essaye… ») Merci de ce super blog!

    1. Tout à fait ! Immobilisée par un câlin géant l’autre jour, j’ai dû regarder le télé-achat pendant 20 minutes.

  3. Chez moi aussi c’est pareil . Et le plombier de l’immeuble qui sonne alors que tu n’es pas encore réveillée. Il d’annonce qu’il va couper l’eau, comme hier matin …3 jours sans douche ? Ça c’est arrivé ce matin…..

    1. Chère Zoubidou,
      Tu es fantastique et tu es toujours très drôle . Cet article est un de mes préférés, il est trop bien !!! Continue à écrire ton blog génial ,
      Gros gros bisous baveux
      Paupau

  4. J’ai pleuré de rire ! Et ma lentille est tombée … Merci !!!! Déjà j’ai du mal à les mettre (j’ai commencé il y a une semaine )
    Bravo pour vos billets d’humeur !

    1. Les lentilles .. mais oui bien sûr, sûrement très très reloues !! J’ai totalement oublié de parler des lunettes et des lentilles, damned.

  5. Hello, les vieux : et les appareils acoustiques qui vous grossissent les bruits de casseroles et de chasse d’eau à vous exploser la tête, mais avec lesquels vous n’entendez toujours pas les mots d’amour (précieux ça pourtant, c’est pas votre (vieux) conjoint qui vous en dirait) de votre dernière petite fille !

    1. A chaque âge suffit sa peine… mais je compatis, chère Odile, et j’aime beaucoup ta vision des choses assez proche de la mienne, on dirait !! mille baisers

  6. Sans compter sur les legos qui se cachent sournoisement pour pouvoir bien faire mal aux pieds maternels ou la collection de tout et n’importe quoi de mon fils planquée sous son lit et que la petite éparpille régulièrement sous la table à manger…
    Merci pour ces articles !

  7. Chacun subit toute sorte de troubles….j’en rage quand tout est difficile, qu’il faut se baisser pour ramasser quelque chose, qu’il faut tendre l’oreille pour entendre, nettoyer ses lunettes 20 fois par jour pour essayer de mieux voir, quand la glace ne me renvoie pas une image agréable, etc, etc.quand les mauvaises herbes poussent au lieu des fleurs…..etc, etc…..

  8. L’histoire de nos vies !!! Bravo Zoé, on y est tellement habitués qu’on ne pense pas à les répertorier ! Tu l’as fait avec brio comme toujours. Bises, Nadia

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