Métro Boulot Gogo – L’ultime combo

Boulot, Gogo, Métro

J’aurais dû me méfier, les vacances de Noël se sont (presque) bien passées (pour peu que l’on ne compte pas les ennuis de voiture en panne en pleine campagne puis fracturée en bas de chez moi la semaine suivante).

Février a vengé décembre. C’était prévisible, j’aurais dû le voir venir : pas un seul jour de vacances commun entre Rose (Zone C – Paris) et les Toufaits (Zone B – Tunis). Une météo pluvieuse depuis 3 mois, un dry january de 32 jours, tout était aligné pour cette apothéose où, pour la première fois depuis la création de ce blog, le combo ultime a été réuni : Métro, boulot ET gogo ! « T’as cru c’était la teuf, meuf ? » m’a demandé la vie en m’envoyant une série noire qui a failli me faire perdre ce sang-froid légendaire que vous m’enviez tous, ici, je le sais.

C’est « boulot » qui a dégainé en premier. Un nouveau client me contacte pour une mission très urgente (ouh là là ça part mal). Trois jours de délai pour réaliser une série d’illustrations assez complexes, je relève le défi. Le montant de mon devis est accepté et – fi des erreurs de bleu-bites – j’attends l’acompte et le devis signé pour travailler (je le dis à mon client, je l’écris, je le re-dis et je le re-écris : pas d’illustration sans acompte).

Comme je n’ai que très peu de temps pour réaliser ces illustrations, en vrai, je crée les illustrations en attendant l’acompte. Qui ne vient pas. Je relance. On m’informe alors que le devis sera signé et l’acompte versé quand j’aurais, moi, signé le contrat de cession de droits qui est en train de se préparer.

Qué contrat, amigo ? Il n’a jamais été question d’un contrat, les droits que j’ai prévu de céder figurent dans mon devis. Nous nous retrouvons comme deux cow-boys face à face (ça me rappelle de bons souvenirs)
– Fais pas le con, client, je crie, paye l’acompte !
– Balance les images d’abord, illustratristre !
– Jamais ! je réponds, je préfère tout mettre à la poubelle ! (on a son honneur chez les artistes indépendants.)
– Okay, pose ton gun, on me répond. On cède à ta prise d’otage (sic) je t’envoie la thune.

Je reçois l’acompte et le fameux contrat-surprise. Il stipule que je cède la propriété exclusive des images ainsi que mes droits à vie, pour tous les supports, (même ceux qui n’existent pas encore (sic)) et pour toutes les utilisations (sauf les produits dérivés payants (sympa)), j’en passe et des meilleures. Comme il est serviable, mon négrier client a aussi mis à jour mes conditions générales de vente à sa sauce directement dans mon devis. Là, j’avoue, j’ai vu rouge et j’ai envoyé un mail (copie to everybody) pour annoncer que je quittais le navire.

Le client me rappelle : « oh là, femme, pourquoi montes-tu sur tes grands chevaux de la sorte ? » C’est un contrat standard qu’on signe comme ça, pour occuper les juristes, il me jure qu’il n’a pas l’intention de faire quoi que ce soit d’autre que ce qui est prévu au devis avec mes images.

L’avenir nous dira si j’ai pris la bonne décision : j’ai signé et j’ai envoyé les illustrations parce que mon court-bouillon de rate était déjà bien chaud et qu’il fallait que je prépare les chats à fouetter du lendemain pour un rendez-vous à la Salpêtrière.

Le programme du lendemain, ce n’est rien de moins qu’une journée complète d’hospitalisation pour Rose qui doit subir une batterie d’examens relous dans un service dédié au handicap (je commence à avoir l’habitude). Passons donc au chapitre « Gogo ». Je rejoins ma fille et son père à l’hôpital à 07h00 du matin.

« Peux-tu me dire – ô conne – comment tu pensais encore pouvoir supporter cet homme plus d’une heure ? » Me demande-je à moi-même en sortant de cette journée atroce, traînant ma fille qui refuse de marcher sous une pluie battante, poursuivie par mon ex qui m’insulte. On a prélevé à Rose 17 tubes de sang. L’échographie pelvienne n’a rien montré parce qu’il aurait fallu qu’on l’empêche d’uriner une heure avant (lol) et l’examen principal, celui qu’on était surtout venu faire, n’a pas pu avoir lieu car la machine était en panne.

Axel – mon sauveur – vient me chercher mais nous nous sommes mal compris : il m’attend côté Austerlitz, je suis sortie boulevard Auriol (1 journée de marche entre les deux).

J’ai droit à deux jours de répit dans ma forêt de Tronçais avant un retour à Paris (« métro », si vous suivez bien) pour le bouquet final, samedi 24 février, 20 heures. Nous venons de récupérer les Toufaits que nous n’avons pas vus depuis Noël et nous nous apprêtons à passer une chouette soirée en famille devant un bon film (Nous révisons « Dune 1 » avant d’aller voir « Dune 2 »).

Première interruption, le Bene Gesserit n’a pas encore dégainé sa boite qui fait mal à la main que la mère de mes enfants passe à l’improviste en voisine pour faire un coucou à ses gosses. Elle repart. On remet le film. Un quart d’heure après, la voisine du dessus – raide bourrée comme d’habitude – sonne à la porte. J’immobilise le baron Harkonnen dans sa baignoire d’huile de vidange. Elle a oublié ses clés et nous demande la permission d’escalader la façade par notre terrasse pour s’introduire chez elle par la fenêtre (qu’elle laisse toujours ouverte pour évacuer la nuage de clope qui plane en permanence).

Après quelques essais pathétiques et infructueux, nous discutons avec elle en langage simple (mais néanmoins longuement) afin de lui faire comprendre que nous n’acceptons pas la responsabilité qu’elle se tue chez nous. J’appelle un serrurier pour qu’il ouvre sa porte, qui est juste claquée (comme moi).

Un serrurier, dis-tu ? Ton cambriolage de décembre ne t’a pas suffi à être dégoûtée à vie de cette engeance ? Hé non, Zozo a confiance en l’humanité (= elle est débile). Le gars annonce 22€ pour ouvrir la porte au téléphone et une fois arrivé, quelle surprise, le sagouin me déclare que la porte ne peut pas être ouverte, qu’il faut tout casser et mettre une nouvelle serrure à 1630€ (je connaissais déjà le tarif, marrant).

La voisine, qui nous réveille CHAQUE NUIT depuis plus d’un an parce qu’elle vit comme un punk à chien nocturne, toute honte bue, me demande de payer pour elle (son père, qu’elle ne veut même pas appeler, me remboursera sans discuter, d’après elle). Je lui dis d’aller mourir pour de bon et je rentre chez moi.

On remet le film. Une heure après, coup de sonnette. C’est encore la voisine. Elle nous apprend que le serrurier a fini par ouvrir sa porte sans rien abîmer mais comme elle n’avait pas d’argent dans l’appartement (parce qu’elle a aussi perdu son portefeuille), il a refermé la porte et il est parti.

Elle est venue, cette fois, accompagnée d’un autre voisin qui mesure deux mètres et qui, nous annonce-t-elle, va la hisser jusqu’à sa fenêtre. Axel leur claque la porte au nez et nous retournons à nos Fremen qui boivent leur pipi. Les Toufaits, eux, trouvent que c’est bien la zone, cet immeuble.

Le lendemain, la même voisine invite tous ses potes à un petit « After » chez elle : 20 gus complètement bourrés débarquent à 6h du mat le samedi matin pour un karaoké très sympa jusqu’à midi. Quand je les ai entendus chanter à tue-tête : « C’est moi que voilà, Inspecteur Gadget, ça va être la joie, Ouh ouh, au nom de la loi moi je vous arrête » je les ai pris au mot et je suis allée porter plainte.

Vivement les vacances.

N’oubliez pas que vous pouvez lire, relire et offrir mes aventures illustrées dans les deux tomes de « Métro Boulot Gogo » disponibles ici. Ceux d’entre vous qui souhaitent acquérir un exemplaire dédicacé de mes romans (« Rue des Boulets » ou « La forêt de Tronçais ») ça se passe sur mon site d’auteur.teure.trice www.zoeviot.com où vous trouverez mon actu et des infos sur mes projets à venir…

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5 réflexions sur “Métro Boulot Gogo – L’ultime combo

  1. Je comprends mieux ton manque de temps à me dédier et t’absous derechef !
    Bises calamité Zoe et tiens bon les beaux jours arrivent

  2. Hello Zoé
    Toujours plus haut, toujours plus fort ! Révoltant aussi, ces situations compilées que tu as le don irrésistible de tourner en dérision. Nerfs d’acier et flegme britannique, charmant cocktail à consommer sans modération. Vivement le prochain épisode !

  3. Chère Zoé,

    Vous lire est toujours un moment hors du temps.
    Oui je sais bien que rire du malheur d’autrui est désormais autorisé.
    Et particulièrement dans un lieu où tous les malheurs se confrontent et échouent sur un strapontin , le métro parisien.
    Le « ô conne » décroche la palme, bien que le voisin de 2 mètres, voulant faire passer sa sœur par votre balcon m’a bien fait sourire ; la 2eme marche du podium revenant à : un jour de marche entre la sortie Austerlitz et Bd de l’hôpital.
    Ce cynisme si assumé qui est le vôtre chère Zoé, vous assure une place toute particulière parmi les humoristes.
    Avec toute ma gratitude.
    Votre fidèle lectrice.
    Marie

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