La (dé)charge mentale

Métro

Vous avez très sûrement entendu parler de la charge mentale, ces derniers temps.

Avant, les tâches domestiques n’étaient exécutées que par les femmes. Depuis pas longtemps, les hommes s’y mettent. Le problème c’est qu’ils ne prennent pas encore suffisamment d’initiatives, ils attendent les instructions (le fameux « fallait demander ! ») et les femmes doivent continuer à penser à tout. Au lieu d’aller faire les courses, la femme doit penser à dire à l’homme d’aller faire les courses, ce qui représente un vrai partage des tâches mais PAS de la charge mentale.

En creusant un peu la question, je me suis néanmoins rendue compte que les femmes étaient surtout très perfectionnistes et voudraient que les hommes le soient autant qu’elles. Mais nous ne fonctionnons pas de la même façon, faut-il vraiment le rappeler ? Nous les femmes, nous le charme, avons des rituels qui se transforment assez rapidement en tocs. Moi la première. Je ne conçois pas de partir travailler le matin sans laisser derrière moi une maison (disons plutôt un appart) nickel. Il faut donc que le lit soit fait, les rideaux ouverts, la chambre aérée, le linge sale de la veille mis à sa place dans le bac à linge sale, le petit-dej rangé, le plan de travail nettoyé, les jouets de Rose remis dans leur bac, le linge qui sèche plié et rangé, la tablette remise à charger, les poubelles descendues etc etc etc (Là, toutes les femmes se disent : « m’enfin évidemment, de quoi elle nous cause, la dame ? C’est la base » et les hommes pensent : « elle est aussi relou que la mienne, celle-là »).

Car l’homme s’en fout, de tout ça. Il prend une douche, s’habille, avale un café et part au bureau chasser le mammouth (Groumpf). Au nom de quoi devrait-il s’emmerder à gérer toutes nos manies, je vous le demande ? (Enfin c’est surtout lui, qui nous le demande). Reste que, lancées dans nos activités domestiques on finit par tout faire tant qu’on y est (on commence par ouvrir les rideaux et on se retrouve au Franprix avec le caddie sans même avoir fait gaffe). Et comme on a tout déjà tout fait, à 19h, il n’y a plus qu’à vider la machine, ce que l’homme fait avec grâce et dévouement en zieutant les niouzes en même temps (multitâche, le mec). Et nous sommes jalouses de tant de décontraction, nous qui avons trimé comme des andouilles alors que personne ne nous a rien demandé.

Alors, l’autre jour, j’ai testé une nouvelle méthode que je viens d’inventer : la décharge mentale. Je n’ai pas ouvert mes rideaux, je n’ai pas fait le lit, je n’ai pas aéré l’appart, je n’ai rien rangé nulle part, pas fait de machine (et hop revoilà le Monstrolinge), pas fait les courses, rien, queud’, nada. C’est compliqué, il faut être forte mentalement, prendre sur soi. Au bureau, pour continuer l’entraînement, j’ai posé ma tasse à café sale dans l’évier, j’ai collé des post-it sur mon ordi, j’ai laissé mon manteau traîner sur une chaise et j’ai pris la dernière feuille de PQ sans changer le rouleau, en laissant un peu de pipi sur la cuvette.

En rentrant à la maison, j’ai chopé une bière dans le fridge et j’ai dit : « qu’est-ce qu’on bouffe ce soir ? » puis je suis allée m’allonger avec un bouquin sur le canapé en attendant que le diner soit prêt.

illustration décharge mentale femme canapé bazar

Au bout de quelques jours, l’homme remarque que quelque chose cloche. ON n’a pas fait de machine ? Ben non, et ON n’a pas fait les courses, non plus. Lassé des biscottes périmées en guise de repas, il branche son GPS sans moufter, direction le supermarché le plus proche et lance une machine de son propre chef après avoir mis son maillot de bain pendant 2 jours (recto et verso) faute de caleçons propres. Les enfants se prennent en main pour assurer leur propre subsistance et les cafards font très bien le ménage, gratos.

CQFD. La décharge mentale, ça pue mais ça marche.

Partagez mon travail !

Recevez mes nouveaux articles dans votre boite aux lettres !

14 réflexions sur “La (dé)charge mentale

  1. Partir chasser le mammouth. Voilà. Tout est dit. Pendant que la femme repasse le linge, éponge la lavabo, change le sac poubelle, remet du PQ sur le dérouleur, et s’offre un petit thé sur le canapé démiété en triant les chaussettes, l’homme est dehors, à se cailler les miches, à prendre des risques insensés pour ramener du mammouth, qui, au final, sera bien trop gros pour être manger et qui va pourrir au milieu du jardin, et en plus, ça pue grave le mammouth mort (beaucoup plus que la décharge mentale!). C’est pour ça d’ailleurs, qu’en principe, il ne ramène pas un mammouth, mais plutôt un pneu de moto, du Pchitt pour la voiture, ou une nouvelle perceuse rouge super belle avec des accessoires mystérieux rangés dans une belle boîte à compartiments, bref, des trucs auxquels les filles ne pensent jamais: « Je suis passé au supermarché chérie! J’ai acheté des zip pour le BBQ! » »C’est bien chouchou. Tu as pris quoi comme viande pour mettre dans ton BBQ? » »Bah quoi? Tu ne m’as pas dit que tu irais faire les courses cette après midi? ».

  2. Ce que j’aime quand je reçois la « notification » de l’arrivage d’un nouvel article de ma copine Foncky, c’est que je sais que je vais me concentrer pour tout bien lire (je sais que chaque mot est choisi), que je vais me laisser prendre par le rythme fou des détails, et que tout d’un coup je vais éclater de rire. Et je ne sais jamais exactement quand pendant ma lecture concentrée. Là, j’ai attendu pratiquement la fin, mais le coup du maillot de bain, j’ai adoré !! Et pourtant je ne peux même pas dire que j’ai le même à la maison 🙂 le mien (de-mari, pas de-maillot-de-bain) il est parfait.

  3. Excellente comme toujours, cette analyse de nos petits travers. Mais du moment que l’un compense l’autre …tout baigne ! Non ?

  4. J’adore!!! Comme toujours.
    Et comme ma collègue FonckyFonck j’ai lu le blog AVANT tout, alors que j’étais en route vers la machine à laver. Ayant vécu dans une maison ces dernières années, j’ai tenté l’experience de laisser les fringues propres, pliées, triées en petit tas pour chacun et chacune en bas de l’escalier pour qu’ON les monte à l’étage et peut être même dans les chambres. UNE semaine mes quatre chéris PLUS la femme de ménage ont fait un grand pas pour passer au-dessus… et j’ai craqué .
    Bon, par ailleurs, la charge mentale n’est peut être pas partagée mais bien repartie quand même, n’est-ce pas?

  5. « Au bout de quelques jours, l’homme …. » : ça ne serait pas par hasard un 14 février (faut être à la hauteur ce jour là) et le retour du supermarché au plus tard à 20h45 (match Real-Psg) ?

  6. Hello ! Je débarque de chez Deedee et j’ai adoré ce post, fort à propos (Chéri a rempli consciencieusement le panier de linge sale hier dimanche à 22 heures jusqu’à ras bord, alors que j’ai passé COMME D’HABITUDE DEPUIS 21 ans (!) mon samedi ET mon dimanche à demander à tue-tête « qui a du linge sale à laver » ! et quand j’ai marmonné ce matin en découvrant l’ampleur de la chose, il n’a pas compris mon agacement – et oui, il est parti chasser le mammouth après avoir avalé son café, pendant que je mettais une machine à tourner avant d’aller moi-même chasser le mammouth 🙂 ! ) Mais bon, il part quand même faire les courses spontanément de temps en temps.. ! Ouuf !

  7. J’adore, vraiment. D’autant plus que je peux dire que j’ai été des 2 côtés de la barrière : d’abord celui qui allait chasser le mammouth pendant plusieurs années, puis maintenant celui qui doit tout faire puisque j’élève seul ma fille, mais j’adore ces moments même si parfois ça m’agace un peu … Et puis maintenant je commence à comprendre ma mère ma sœur et mes ex … quoiqu’il en soit, super travail et super blog !!! Félicitations !

Répondre à Niko Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *