Contagion

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Chers lecteurs,

Voici, en guise de vœux, mon traditionnel compte-rendu des vacances de Noël. Pour vous remettre un peu dans l’ambiance, voici un lien vers les récits de noël 2017 et de noël 2018 (première partie) sans oublier noël 2018 (deuxième partie).

Cette année, pour tenter de rompre avec la malédiction, Axel et moi avons délocalisé l’évènement en Bretagne, dans une grande villa louée pour l’occasion. Nous débarquons sur la côte de granit rose avec enfants, parents, beaux-parents, frère, belle-sœur et neveux. Pensant échapper aux autorités parentales qui ne jouent pas à domicile, nous héritons de celle de la propriétaire qui, non contente de m’avoir réclamé un double contrat, une double caution et une double assurance en plus des garanties d’Airbnb, vient tous les jours vérifier si nous avions bien respecté ses consignes, affichées sur chaque meuble, chaque porte et chaque fenêtre de la maison.

illustration consignes maison de location

Elle ne savait pas qui nous étions évidemment, cette brave femme : deux générations de Superhosts réunies sous le même toit, des experts Airbnb mondialement reconnus et rompus aux usages les plus subtils de la plateforme. Mes parents, boomers multi propriétaires reconvertis dans la location professionnelle de résidences principale et secondaires, vivent dans leur voiture avec une glacière pour seul bagage pour libérer au maximum les disponibilités de leur calendrier. Mon frère a aménagé une suite royale au rez-de-chaussée de sa maison pour les hôtes Airbnb qu’il reçoit à l’année et j’ai moi-même loué mon appart parisien tous les week-ends pendant plusieurs années. Alors la petite dame, on lui a vite renversé sa vapeur et on l’a renvoyée dans ses 22 (Côtes d’Armor).

N’empêche qu’elle était top, sa maison. Je l’avais choisie avec soin. Détail prémonitoire et assez rare, il y avait des toilettes dans chaque pièce. 6 en tout. ça nous a fait rire et on s’est dit que ça ne servait à rien, 6 toilettes.

S’ensuivent de joyeuses festivités familiales, à peine entachées par quelques discussions houleuses sur le mode de cuisson de l’énorme oie, de l’énorme cuisseau de sanglier et des énormes araignées de mer. Tous ces malheureux animaux, trop gros pour entrer dans un seul four ou une seule marmite, ont été cuisinés en plusieurs fois, occasionnant des scènes de dépeçages et d’ébouillantages assez flippantes, toutefois suivies d’agapes gargantuesques et délicieuses.

Question santé, rien à signaler à part un Toufait dans le plâtre, sorte de rituel immuable, à croire qu’il se casse un membre à chaque vacances pour ne pas nous décevoir. Nous nous couchons après un excellent réveillon. En plein milieu de la nuit, Toto déboule dans notre chambre pour nous chuchoter que sa sœur est « malade ». Nous ne le savons pas encore, mais Véro la gastro, Marguerite la sinusite, Philippe la Grippe et Gaston l’indigestion viennent de s’incruster dans notre petite fête de famille, tous en même temps.

illustration gastro

De gauche à droite, Gaston, Véro, Marguerite et Philippe en pleine partie de jeu des sept familles, Noël 2019.

Nés sur la poignée de porte douteuse d’un vestiaire de gymnase scolaire, Véro et ses potes sont venus avec nous en Bretagne dans un kleenex sale et roulé en boule dans une poche de doudoune infantile. Ravis de la douceur du climat, ils se sont déployés et ont pris possession de nos petits corps chétifs.

Le reste du séjour a été le Viêtnam de la gerbe, le niagara du caca, la belle villa a été transformée en sanatorium digne d’un film d’épouvante où les médecins en combinaisons orange étanches se baladent parmi les cadavres, à la recherche de rares survivants. Les 6 cuvettes de toilettes ont été mises à rude épreuve pendant 24 heures et la fosse septique est décédée. C’était un feu d’artifice de miasmes et de microbes, un bouillon de culture capable de faire surgir la vie sur une planète sans oxygène. Cette pandémie a failli anéantir une famille entière, transformée en zombies, agonisant entre le lit et la salle de bains. Vidangés par le haut et par le bas, cheveux collés aux tempes par la sueur, des bouts de vomi coincés dans le nez, nous nous croisions parfois dans les parties communes, hagards, couverture tachée sur les épaules et bassine à la main.

Etrangement, Rose n’a pas été atteinte. Seule survivante debout sur ce champ de ruines, elle cherchait, la pauvre, désespérément quelqu’un pour la nourrir. A t-elle été protégée par son génome spécial ? Son organisme modifié est-il résistant aux attaques microbiennes ? Je l’ignore, mais je l’envie.

A peine rétablis, tout blancs et tremblotants, nous avons dû reprendre Titine pour rentrer à Paris et rendre (notez le vocabulaire choisi) les enfants pour la deuxième moitié des vacances. Axel s’est farci les 7 heures de route dans un état comateux semi-gerboulique. Dès notre arrivée, il s’est allongé sur le canapé tout habillé et il a dormi 16 heures d’affilée.

Le surlendemain, j’avais un SMS de mon ex me disant que Rose avait dû côtoyer quelqu’un de malade parce qu’elle avait une gastro carabinée.

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14 réflexions sur “Contagion

    1. Tu restes, avec ton oeuf au plat, le maître incontesté en la matière. Bonne année à vous aussi les amis !

  1. Cela ressemble beaucoup à l’ambiance fin de séjour des « Pinpins refont les Petits mouchoirs » à Cap Ferret la semaine dernière…

  2. On s’y croirait
    ambiance familiale et amicale multiresistante aux joies du microbiote à la mode tout ça dans la maison des rêves tenue par la maniaque de service qui saura s’en sortir au milieu des germes féroces après votre départ.Il n’en est pas question mais je suis sur , cerise sur le gâteau , qu’il faisait un temps délicieux !

  3. Désolée j.arrive avec mon p’tit vélo‍♀️
    Qq embûches en ce début d’année…
    En revanche Absolument délicieuse ta fin d.année Zoé!!!
    On s’y croirait, Merci

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