L’aidant de la mère

Gogo

Si vous vivez dans une grotte et que vous n’avez aucune famille, je remets ici la définition du mot qui nous occupe aujourd’hui : une personne est appelée aidant familial lorsqu’elle s’occupe quotidiennement d’un proche dépendant, handicapé ou malade. En termes d’aide, concernant Rose, le concept est un brin sous-estimé : je suis plutôt le faisant que l’aidant. Mais je ne suis pas seule … Je suis épaulée dans ma tâche par l’aidant d’aidant. 

Mon aidant d’aidant s’appelle Axel. C’est un homme formidable dont j’ai souvent parlé dans ce blog mais que je présente dans cet article sous un jour plus professionnel pour lui rendre hommage. Sa fiche de poste est triple : cuisinier, vigile, chauffeur.

Cuisinier, il mijote de bons repas – sans lactose – pour Rose dont l’appétit est impossible à prédire (parfois 3 steaks et 500 grammes de pâtes en 1 repas, parfois rien pendant 3 jours, ça pimente les courses et la gestion du frigo). Axel doit aussi nourrir un ado de 18 ans aux mensurations étonnantes qu’il a engendré lui-même et qui nous est revenu en boomerang après une année de fac (fuck ?) à Reims.

Vigile, il gère les crises épisodiques de violence de ma fille qui, bien que ne pesant que 40 kg toute mouillée, est capable de vous arracher un œil avec les dents si elle le décide. Je rappelle également qu’elle porte un corset orthopédique qui lui garantit un avantage non négligeable en termes d’armure dans la bataille. Axel doit la maîtriser sans lui faire mal, parer ses attaques et veiller à ce qu’elle ne retourne pas la violence contre elle, ce qu’elle prévoit toujours en dernier recours quand elle voit que la partie est bientôt perdue.

En revanche, quand le fils d’Axel (la chose vorace, adolescente et pourtant majeure du canapé) détend ses membres gourds pour s’éveiller comme une fleur vers midi, Rose ne moufte plus. Vigiles de père en fils. Dommage que la version junior soit un animal nocturne et disparaisse de nos vies de 18h à 4h le lendemain.

Chauffeur, enfin, son plus plus beau rôle, comme je vous l’avais déjà raconté dans l’article Titine, il balade notre troupeau familial recomposé dans notre Scenic champagne qui a plus de kilomètres au compteur que  Brigitte Macron.

Et là, l’actu est lourde, très lourde : Titine is dead. Titine a rendu l’âme au péage de Saint-Arnoult le lundi de Pâques à 20h, au milieu des 850 000 autres voitures de parisiens immobiles sur l’A10, tel un hommage muet de la foule dévastée en cet instant fatidique qui, disons-le, nous pendait un peu au nez depuis quelques temps. Le moteur cala, le capot fuma, les enfants pleurèrent, Axel et moi paniquèrent, il pleuva et nous pleurûmes.

Titine, carcasse vaincue et mourante au milieu des voies, hoqueta, agonisa et jamais ne redémarra. Un ami, quelques files plus loin, m’aperçut (gesticulante et mouillée, en panique, fallait-il sortir de la voiture sur le point de s’enflammer ou fallait-il rester dans la voiture pour ne pas nous faire écraser ? pas si évident, sur le coup) et me fit signe de le rejoindre. Oui, j’ai du bol dans la vie, surtout aux moments les plus critiques.

Bref, je pris avec moi la moitié féminine de l’équipage et abandonnai Axel et son fils le vigile junior à leur triste sort (ils ne rentrèrent à la maison en taxi qu’à 1 heure du matin après avoir abandonné Titine dans une morgue-garage des Yvelines).

La semaine suivante, nous devions nous rendre (tous) à la super méga cousinade de ma famille maternelle dans la forêt de Tronçais. Entre l’introuvable location de voiture à 7 places et le trajet en train avec plusieurs changements, nous avons décidé de nous simplifier la vie et d’acheter une nouvelle voiture, bim, c’est vrai quoi, à la fin, ça sert à ça le compte épargne non ? (gloups).

J’ai donc l’honneur de vous présenter Totoche. (La même, en plus neuve : Extase du bluetooth, orgasme du GPS, joie du porte-gobelet et de la clim, sièges pas beige où chaque goûter de Rose a laissé une trace, ports USB pour branchage de téléphone, le LUXE).

Je ne peux pas terminer cet article sans citer Nora et Brigitte, les femmes de l’ombre, les aidantes d’aidant d’aidante sans qui cette belle équipe ne pourrait pas grand-chose : merci à vous deux pour votre efficacité et votre gentillesse avec Rose.

J’en profite également pour vous annoncer la création d’une nouvelle rubrique à ce blog : l’écriture prend une place de plus en plus importante dans ma vie et je compte vous faire partager les anecdotes de cette nouvelle voie.

Après Rue des Boulets et La Forêt de Tronçais, mes deux romans déjà publiés que vous pouvez acheter en ligne dans ma boutique, je ne compte pas m’arrêter là et je vous proposerai bientôt ici mes (mes)aventures de romancière, illustrées bien sûr !

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16 réflexions sur “L’aidant de la mère

  1. Merci pour votre bonne humeur, vous me donnez de l’énergie.
    Livres achetés, bravo à vous !
    Frédérique

  2. Non seulement écrivaine humoriste de talent mais très commerçante, en plus. La promo est en route ! Tu devrais faire une bande dessinée ; ainsi tu marierais tes talents de dessinatrice et ceux d’écrivaine…..

      1. Welcome Totoche, bon courage et longue vie à toi !
        J’ai commencé « La forêt de Tronçais » et j’adore !!
        La fluidité de ton écriture est un bonheur !
        Des bises !!

  3. Je savais que certaines voitures présentées dans « les routes de l’impossible » au travers des pistes embourbées d’Afrique, gelees du Pakistan, ou surpeuplees du Bangladesh pouvaient atteindre des kilométrages dantesques …. mais de la à dépasser Brigite Macron …. j’ai des doutes

  4. Merci pour ce talent de nous faire rire des galères de la vie. Nos soucis deviennent plus légers quand on les sait partagés.
    Il me manque l’aidant de l’aidant pour me soulager…
    J’ai acheté mon premier livre. J’ai hâte de le lire.
    Merci merci

  5. Merci Zoé de me faire rire, même si le sujet n est pas très drôle. Continue, bravo, et bisous à toute ta tribu

  6. Très chère Zoé,
    Votre épisode du jour, dont je me réserve toujours la lecture avec gourmandise dans le métro, a retenu mon attention sur deux points. J’ose les partager avec vous, tant les souvenirs qu’ils évoquent sont délicieux.
    Les aidants : à l’origine d’un merveilleux fou rire, à 10 secondes de l’antenne. Vous ai-je dit que je sévissais comme journaliste à la télévision sans ma 1ere vie.
    Bref, les aidants, j’avais choisi comme titre pour l’émission sur ce thème : « Aidons les aidants ». Un des cadreurs du plateau s’est mis à fredonner « Aimons-nous vivants » alors que le générique débutait.
    Le fou rire s’est annoncé sournoisement et m’a saisi sans crier gare pour ne plus me lâcher. Résultat des courses, la maquilleuse a dû revenir sur le plateau, directrice de production faisait la tronche et les invités étaient en panique.
    Quant à Totoche, vous ne la verrez plus jamais de la même façon à votre retour de la Réunion.
    Exclamation, surprise, juron insulte, vous verrez que ce mot peut-être utilisé de 1000 façons.
    Si il y a des créoles parmi vos fans, vous les avez fait rire doublement. Ce fut mon cas.
    Merci encore Zoé.
    Bien à vous.
    MLV

  7. Toujours autant de plaisir à te lire pour ces moments de vie et découvrir tes dessins ! Axel est presque aussi beau qu’en vrai
    Longue vie à Totoche !

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